Libye à tout prix !

La Libye est un pays qui se mérite, il faut le savoir ! En effet, son cher Président, le très médiatico-charismatique colonel Kadhafi, n’accorde pas le privilège de visiter son grand pays à n’importe quel touriste de passage, surtout si celui-ci a l’idée saugrenue de voyager seul, entendez sans agence de voyage, sans guide. Vous comprendrez donc que nous avons été très honorés qu’il nous permette, après 25 jours d’attente au Caire, de traverser la « Jamahiriya » grâce à un visa de transit (on se contente de peu dans une situation pareille). Ceci expliquant cela, les Libyens n’ont guère l’habitude de voir des routards traverser leur pays, a fortiori quand ceux-ci se prennent à passer la frontière à pied à 5 heures du matin (pour information, il faisait très froid !). Mais les gens n’en sont que plus accueillants avec l’étranger de passage, et les rapports humains beaucoup plus authentiques. Ca commençait bien !
Le temps nous étant compté, nous avons décidé de faire une courte escale dans chacune des deux principales villes du pays, à commencer par Benghazi. Celle-ci, à l’allure très méditerranéenne, nous a offert un premier contact avec la Libye et ses habitants. Un peu défraîchie, la ville offre cependant un aperçu d’une architecture inspirée de la période italienne, et de la modernisation en cours dans ce pays. Le port de Benghazi est un centre économique majeur en Libye et renaît aujourd’hui de ses cendres après avoir été bombardé pendant la seconde guerre mondiale. D’ailleurs, nombreux sont les migrants venus des pays voisins pour y tenter leur chance, attirés par la situation économique de la Libye. C’est le cas de Miloud, coiffeur algérien que nous avons rencontré à Benghazi où il a ouvert son salon il y a six mois.
Après cette première étape, nous avons pris la route pour Tripoli, la capitale. Pour tout vous dire, nous l’avons même prise à deux reprises, puisque nous avons fait un premier faux-départ au bout d’une heure et demie de route. Motif : les essuie-glaces sont tombés en panne, et comme par hasard, à ce moment là, nous subissions notre première averse depuis des mois ! Retour à la case départ donc, pour changer de bus, et repartir de plus belle pour 12 heures de route. Eh oui, la Libye est un grand pays, peu peuplé mais très vaste. C’est d’ailleurs ce qui fait sa force, avec le pétrole bien sûr, en comparaison avec un pays comme l’Egypte, où la pression démographique freine le développement. La Libye nous a fait l’effet d’un pays relativement prospère, en pleine mutation économique (pour la mutation politique on repassera…) et à l’environnement plutôt préservé.

Les côtes sauvages ne sont pas encore massacrées par le tourisme, les villes sont assez coquettes, avec de nombreux espaces verts où viennent flâner les Libyens en buvant un café (et plus exactement un « expresso », autre héritage de la colonisation italienne !). La capitale libyenne, Tripoli, offre en outre une très jolie médina entourée de remparts, parsemée de ruelles pittoresques, de jolies mosquées et parfois même d’églises... (Contrairement à la Suisse, la Libye n’a pas encore interdit les clochers !).

La ville moderne quant à elle possède également beaucoup de charme, que lui confèrent ses grandes façades blanches habillées de volets verts.
A une centaine de kilomètres de Tripoli, nous avons découvert le plus important site touristique du pays : Leptis Magna. Cette ancienne cité romaine présente aujourd’hui des vestiges d’une qualité exceptionnelle, les plus vastes et les mieux conservés de toute l’Afrique romaine… Le tout dans un cadre naturel somptueux, les pieds dans l’eau… Bref, un lieu magique, et pas seulement pour les passionnés d’Histoire.

Après une dernière balade dans la médina de Tripoli, il est déjà temps de dire au revoir à la Libye, qui restera comme une des bonnes surprises de ce voyage. D’autres médinas et d’autres rencontres, tout aussi pittoresques, nous attendent à présent en Tunisie…