Ali Baba et les quarante vendeurs...

Dernier pays musulman, dernier pays arabe, dernier pays du Maghreb : le Maroc marquera la fin d'un cycle dans notre périple. Un des apports essentiels de ce voyage aura été de découvrir et d'apprendre à connaître, un temps soit peu, le monde arabe, dans toute sa diversité. Et en parlant de diversité, le Maroc lui-même est un concentré de paysages, de couleurs, de climats, de peuples, de traditions.
Au Nord, le Rif, région longtemps oubliée par le royaume, semble de nouveau attirer l'attention du roi Mohammed VI. Il faut dire que cette région a toujours été un peu à part : sous domination espagnole, elle n'a pas subi l'influence française du protectorat comme le reste du pays. Et puis le Rif était un peu considéré comme un repaire de brigands, et comme le grenier à kif de l'Europe ! Mais les choses changent, sans que la région ne perde de son originalité et de sa fierté. A Chefchaouen, aux portes du Rif, dans un cadre montagneux et verdoyant, nous avons fait la connaissance de Catherine et Julian, deux Français tombés amoureux du Rif, et qui s'y sont installés depuis près de deux ans.

Cette petite ville tranquille nous a plu à nous aussi, et notre passage dans la région de Chefchaouen aura été l'occasion de rencontrer des acteurs locaux de la préservation de l'environnement et de la gestion maîtrisée de la ressource bois, enjeu primordial au Maroc.
A Chaouen tout comme à Rabat, nous avons pris un premier contact avec la légendaire hospitalité marocaine. A la capitale, c’est Leïla, écrivaine marocaine engagée sur le terrain des droits de l'homme et de la femme qui nous a accueillis chez elle à bras ouverts. Et pour notre deuxième vendredi au Maroc, nous avons eu droit à notre deuxième couscous maison, grâce aux talents de cuisinière de Siham. Un régal !

Toujours grâce à Leïla, nous avons découvert le festival du film européen qui se déroule à Rabat et dans les autres grandes villes du pays durant une semaine. Un vrai bonheur de se rendre au cinéma après huit mois de voyage, du coup nous avons dévoré trois films en trois jours, et en français s’il vous plaît !
Il faut dire que Rabat, la capitale administrative du royaume, tout comme Casablanca, la capitale économique, sont historiquement, économiquement et culturellement proches de l'Europe et de la France. Mais l’une comme l’autre a conservé son atmosphère orientale, qui reprend tous ses droits une fois la nuit tombée.
Le Maroc, ce sont aussi les paysages enneigés du printemps dans le Moyen-Atlas, avec ses amandiers en fleurs et ses petits paysans de moyenne montagne.

Autour d’Azilal, les campagnes sont vivantes, les routes toujours bordées de villageois à pied ou à dos d’âne. Les enfants s’acheminent vers leur école, située au milieu de nulle part ou presque. Les bergers surveillent leur troupeau, et les femmes font la lessive au bord de l’oued. Nous aussi nous marchons, au grand étonnement des habitants de la région, profitant de quelques heures ensoleillées. Tout près d’Azilal, nous nous rendons aux cascades d’Ouzoud, site naturel impressionnant mais ô combien touristique… Même les singes nous sautent dessus pour nous réclamer des miettes de pain ! Finalement, les paysages environnants sont tout aussi spectaculaires, et plus paisibles.
Et puis bien sûr, il y a les incontournables : Fès et Marrakech, les deux principales villes touristiques, avec leurs médinas animées, leurs souks, leurs rabatteurs ("Ali Baba, viens voir mon magasin berbère, pour le plaisir des yeux !").

En prime, à Fès, nous découvrons les fameux tanneurs en pleine activité, les pieds plongés dans des bassins colorés, mais aussi fortement odorants pour les narines non averties ! La tradition du cuir se perpétue ici, et devient une attraction touristique parmi d’autres. A Marrakech (ou Arnakech pour les intimes !), comment ne pas évoquer le spectacle bouillonnant de la place Jemaa El Fna à la tombée du jour : charmeurs de serpents, musiciens, troubadours se lancent à la chasse aux touristes, dans une atmosphère qui demeure bon enfant.
Ce séjour au Maroc nous aura aussi permis de retrouver, le temps d'une semaine, les parents de Morgane, avec qui nous avons parcouru un bout de chemin entre Séfrou et Marrakech, en passant par Ouarzazate (localité au nom exotique, mais finalement assez terne...).

Disposant avec eux d'un véhicule, nous avons de fait pu nous déplacer plus librement dans les campagnes,... mais aussi nous faire quelques belles frayeurs au passage de certains oueds en crue ! Enfin, la voiture a tenu le coup, et nous aussi, ce qui nous a valu de découvrir de magnifiques paysages, notamment dans la vallée du Dadès.

Après le départ de Catherine et Fernand, nous avons poursuivi notre exploration des campagnes marocaines dans la vallée du Zat. Là bas, nous avons fait la rencontre de gens très chaleureux, et d'une région authentique encore épargnée par le tourisme de masse malgré sa proximité avec Marrakech. Le mercredi, jour du souk, le village de Tighdouine s'active, les habitants des douars alentours viennent à dos d'âne vendre leurs marchandises et se ravitailler pour la semaine. Le rythme y est paisible, mais la vie est souvent dure pour ces gens de la campagne, qui peuvent cependant compter sur l'Association des Amis du Zat pour travailler au développement durable de la vallée.
Dernière facette du Maroc avant de remonter vers le Portugal : Essaouira, petit port touristique où nous avons retrouvé un soleil de plomb et profité une dernière fois des ruelles animées de la médina. Le chapitre"Maroc" se referme là. Lisbonne, nous voilà !